Médecine intégrative au CHU de Bordeaux

Douleurs : Évaluation – Diagnostic – Traitement

Médecine intégrative :

Quand la douleur et la médecine intégrative travaillent ensemble : l’expérience de l’Institut de médecine intégrative et complémentaire du CHU de Bordeaux

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, Jennie Sourzac aYasmine Lienard a Anne Philippe aFairouz Vergnes  François Sztark a

, François Tison aShow moreAdd to MendeleyShareCite

https://doi.org/10.1016/j.douler.2024.08.001Get rights and content

Résumé

L’hypnose clinique et thérapeutique se développe au CHU de Bordeaux depuis 2008, la méditation de pleine conscience, elle, depuis 2015. Ces méthodes non médicamenteuses ont une base solide au CHU : 1600 soignants sont formés à l’hypnose et 700 à la méditation de pleine conscience. En parallèle, au niveau national s’est créé un collège universitaire de médecine intégrative et complémentaire, qui définit la médecine intégrative comme l’association de thérapies complémentaires aux traitements conventionnels dans une approche scientifique validée, centrée sur le patient avec une vision pluridisciplinaire. Porté par cette dynamique forte, un institut de médecine intégrative et complémentaire (IMIC) a ouvert en 2019 au CHU de Bordeaux, au sein du service douleur et médecine intégrative dans le pôle des neurosciences cliniques. L’IMIC s’est donné comme missions de coordonner les initiatives existantes concernant les thérapies complémentaires (principalement psychocorporelles comme l’hypnose et la méditation) dans l’établissement, de promouvoir et fédérer une nouvelle offre de soins basée sur l’hypnose et la méditation, de promouvoir la recherche autour de ces approches, de contribuer à la promotion de la qualité de vie au travail et la prévention des risques psychosociaux du personnel hospitalier, d’enseigner et transmettre de manière qualifiée ces approches aux personnels soignants et aux étudiants en santé et enfin de promouvoir d’autres techniques de soins complémentaires validées. Les activités de l’IMIC se déploient pour les patients à travers des consultations individuelles (d’orientation, d’hypnose, de suivi en pratiques méditatives et compassionnelles) et de programmes de groupe principalement dans le cadre de la douleur chronique et des maladies neurodégénératives pour des patients dans des filières de soins organisées. Pour les agents du CHU, l’IMIC propose un accès privilégié à l’hypnose thérapeutique ou aux programmes de méditation par l’intermédiaire du Service de santé au travail. En conclusion, les acteurs de l’IMIC sont mus par la conviction de la nécessité de porter les valeurs et la vertu des pratiques complémentaires avec exemplarité pour le bien-être des soignants et des patients dans le domaine hospitalier et universitaire en participant à un mouvement global et inéluctable de quête de sens et de recentrage du soin sur l’humain qui ne demande qu’à être régulé et fédéré.

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Des faits et des besoins

Les thérapies complémentaires sont utilisées par plus de 100 millions d’européens, et plus d’un Français sur deux dit y avoir recours ou être prêt à le faire. La demande des patients, spécifiquement dans le cadre des pathologies cancéreuses [1], augmente avec de nombreux arguments : peu de risque de toxicité, diminution de traitements médicamenteux mal tolérés, envie de trouver une solution plus naturelle ou difficulté d’avoir des rendez-vous avec les médecins. Conscients de risques possible de 

Le soin à l’IMIC

Les patients consultant à l’IMIC le font dans un parcours de soins coordonné dans le cadre de leur pathologie. 80 % sont des patients ayant une douleur chronique et suivis dans les structures douleurs locales, 10 % ont une maladie neurodégénérative et sont également suivis soit à l’institut des maladies neurodégénératives ou en consultations de gériatrie ou de gérontopsychiatrie.

Enseignements

Les enseignements s’articulent à l’IMIC autour des axes de l’hypnose et de la méditation pour des publics différents avec des objectifs différents :

  • •des modules d’enseignements universitaires optionnels (20 h) sont proposés durant leurs études aux étudiants en médecine et en odontologie ;
  • •des responsabilités universitaires pour le DIU d’hypnose médicale clinique et thérapeutique de Bordeaux et le nouveau DIU pratique de la pleine conscience en milieu de soins qui ouvrira en 2025 ;
  • •des interventions 

Actions dans le CHU

Avant même la création de l’IMIC, des actions intra-CHU ont été menées afin de coordonner, diffuser et accompagner la mise en place de l’hypnose et de la méditation au sein de l’institution. Un groupe (Hyp-Hop soit Hypnose-Hôpital) a vu le jour en 2015, proposant des réunions trimestrielles d’apports cognitifs et pratiques ainsi que des retours d’expériences. Le groupe « méditons ensemble » se réunit lui mensuellement pour pratiquer puis échanger autour des études cliniques. Enfin des groupes

Prévention pour le personnel hospitalier

Un axe important de l’IMIC est celui de la prévention du burn-out du personnel hospitalier. Cette volonté avait porté sa conception initiale qui s’appuyait sur des études montrant que les interventions en mindfulness amélioraient le bien-être et la santé psychique des soignants tout en améliorant leurs capacités et performances attentionnelles et leurs qualités relationnelles (empathie compassion) [14]. Ainsi, un programme de pleine conscience spécifique pour les praticiens hospitaliers a été

Recherche

La recherche sur la médecine intégrative est un axe fort et nécessaire de l’IMIC, à la fois pour le développement de ces méthodes mais aussi pour son propre développement.

Avec trois universitaires travaillant en son sein, une IDE formée à la recherche et une attachée de recherche clinique, l’IMIC développe des protocoles de recherche basés sur l’expertise de celles et ceux qui les portent : méditation dans le cadre des syndromes parkinsoniens (M PARK et MADAPARK), hypnose en téléconsultation

Conclusion

Après une phase d’initiation, l’IMIC a trouvé sa place au sein du CHU de Bordeaux et, sans se départir des valeurs qu’il porte, travaille désormais à une pérennisation médicoéconomique qui pourrait être reproductible dans d’autres centres hospitaliers. Il est devenu une base de l’accompagnement dans leur parcours de soins des patients ayant une douleur chronique, des patients porteurs d’une maladie neurodégénérative mais aussi du personnel soignant. Il développe les thérapies psychocorporelles

Déclaration de liens d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Contributions des auteurs

Auteur et rédaction : Marie Floccia.

Relecture : Jennie Sourzac et François Tison.

Relais méthodologie : François Sztark et Fairouz Vergnes.

Vérifications : Yasmine Lienard et Anne Philippe.

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier : Stephane Faure pour son investissement riche et sans faille depuis les débuts de l’IMIC, Isabelle Galichon pour son dynamisme au côté de l’IMIC, et l’équipe de l’IMIC qui par son travail quotidien l’enrichit jour après jour : Marie-Cécile Ducasse, Virginie Touchard, Emma Salannes, Antoine Bioy, Myriam Cadenne, Cécile Marchal, Fabrice Blard et Emmanuel Mellet.

Références (14)

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Cited by (0)

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