« Sans venir sans partir » de Thich Nhat Hanh

Sans venir, sans partir.
Ce corps n’est pas moi.
Je ne suis pas limité par ce corps.
Je suis la vie infinie.
Je ne connais ni naissance, ni mort.


Regarde l’océan, le ciel et les millions
d’étoiles,
Tout n’est que la manifestation sublime
De mon esprit véritable.
Depuis toujours,
Je suis libre.


La naissance et la mort ne sont que des portes
A travers lesquelles nous passons,
Des seuils, sacrés, sur notre chemin.
La naissance et la mort ne sont
Qu’un jeu de cache-cache.


Alors, rions ensemble,
Donne-moi la main,
C’est un simple au-revoir,
Car nous nous reverrons encore.


Aujourd’hui, nous nous sommes trouvés,
Demain, nous nous retrouverons.
Instant après instant nous nous
rencontrons.


A la Source Ultime,
Nous ne cessons de nous rencontrer
Sous toutes les formes de la Vie.

Se régénérer par la marche – Marie Pierre CAMPANT

« Marcher…

Marcher : se mettre en route et laisser le rythme des pas

inscrire un espace nouveau dans nos vies parfois éreintantes.

Marcher : laisser le silence et le calme ouvrir nos esprits

et nos coeurs à l’écoute du meilleur de nous-mêmes,

à l’écoute d’un Autre.

Marcher : respirer le ciel et la terre, et goûter la saveur d’un essentiel retrouvé,

d’une unité recréé dans la simplicité de ce qui est.

Marcher : réalité qui laisse pressentir le mouvement même de la vie.

Il suffit de si peu, nous sommes tellement encombrés… »

Monique Gugenberger

 







Nous sommes de plus en plus nombreux à marcher sur les routes et sentiers de nature : campagne, forêt, montagne, mer…

Ma première longue marche,  d’une centaine de km, fut la traversée du cercle polaire en Laponie quand j’étais adolescente. Ce fut un moment mémorable, non seulement par les paysages sublimes et le soleil de minuit mais aussi par la dynamique du groupe d’ados et bien sûr l’expérience de la marche… Point besoin de voyager si loin ou si longtemps pour savourer la marche… Randonnée après randonnée, je prends conscience de tout ce que la marche peut nous apporter pour vivre une vie harmonieuse et consciente. 

Pendant la marche consciente nous expérimentons la présence à nous mêmes et au monde… L’attention est portée sur les pieds, sur le souffle, le corps en mouvement, les sons extérieurs, l’espace en soi et autour de soi… nos sens en éveil… C’est un véritable art de vivre !…

Marcher en conscience est une invitation à marcher en posant nos pieds sur la terre avec la même tendresse qui nous fait caresser le visage d’une personne aimée, ou encore à marcher comme si nous embrassions la terre, comme nous le proposait Thich Nhat Hanh. Cela nous incite à marcher sur la terre avec délicatesse et légereté et non d’un pas lourd et bruyant..

« Quand je marche sur ce chemin, mon coeur est en paix… mes pieds embrassent la terre et mon coeur embrasse le ciel »...Ce sont les paroles d’un chant entonné souvent au début de la marche au Village des Pruniers. La marche nous permet de nous enraciner, de nous connecter à la terre… et en même temps de nous connecter au ciel…de sentir cette connexion entre la terre et le ciel… ce ciel que nous pouvons contempler tout au long de la marche et qui nous invite à l’immensité, en nous offrant un  perpétuel spectacle avec les couleurs et nuages de toutes formes et impermanences…

Marcher peut aussi devenir une façon d’être plus fécond, plus créatif et permettre de faire fructifier des idées, d’offrir à la pensée une liberté nouvelle… nous explique le neurologue Yves Agid. Il a écrit un ouvrage tout récent  avec un philosophe intitulé « Je marche donc je pense »  (1)..qui me rappelle celui de Daniel Zanin avec qui j’ai appris la marche afghane : « Je marche donc je suis » ! (2)… 

Ainsi la marche peut faciliter la pensée… Beaucoup de philosophes font l’éloge de la marche. Roger Pol Droit le confirme : « Certains soulignent que les idées qui leur sont venues en marchant sont les seules qui valent, qu’il faut se méfier des pensées qui nous assaillent quand nous sommes immobiles… »

Ainsi nous pouvons avoir des moments très différents durant la marche… Mais la marche consciente est surtout une présence à soi et ce qui nous entoure, un regard à la fois dirigé vers l’extérieur et vers l’intérieur, une prise de conscience que la nature et notre nature sont indissociables…La nature est une présence protectrice, propice à l’apaisement, aiguisant l’attention  et en favorisant ainsi l’écoute de soi.  

Il m’a été naturel de proposer la marche dans mes activités en constatant tous ses bienfaits.

Pratique de « Marche et ouverture aux sens « plutôt à l’extérieur, dans un jardin ou dans la forêt  : La proposition est de marcher (pieds nus si vous le souhaitez) en remarquant et savourant tout ce qui vous attire et en favorisant les expériences intérieures positives, lentement,  tous les sens « ouverts » : l’odorat, la vue, l’ouïe, le toucher, peut être le goût… Permettez vous simplement d’être présent, de vous relâcher, d’être attiré et de savourer ce qui vous donne du plaisir… Aimez vous la caresse du soleil sur votre peau ? le parfum doux du jasmin ou du pin ? la sensation de la terre sous vos pieds ? la fleur colorée ? le chant de l’oiseau ? Laisser vous entraîner par ce qui vous semble agréable, comme si c’était la seule chose qui  existait dans le monde. Et puis … découvrez quelque chose de nouveau….

Prenez votre temps en marchant doucement, éveillé à ce qui se déroule dans l’instant.

  • (1) « Je marche donc je pense » – Roger Pol Droit, Yves Agid – Editions Albin Michel (2022)
  • (2) « Je marche donc je suis » –  Danilo Zanin, Editions Mango (2017)
  • Film sortie le 22/3/23 « Sur les chemins noirs » – Denis Imbert, inspiré du livre de Sylvain Tesson

 

STAGE D’ETE : MARCHE ET MEDITATION 

C’est la 8ème année que je propose un stage d’été de Marche et Méditation, toujours dans des coins de nature privilégiés. Cet été 2023, le lieu sera particulièrement au coeur de la nature, dans un gite surplombant la vallée à 1000m d’altitudes. Chaque jour, nous pratiquons la marche, en matinée, en silence, durant 1h30 à 3h avec des moments de pauses régulières dans la nature, des « bains de forêts ».. la marche avec l’ouverture aux sens…

Nous expérimentons pendant ce stage la marche afghane qui est une forme de méditation à part entière, un acte régénérateur, une voie de connaissance de soi…la respiration consciente produisant une véritable douche intérieure, un nettoyage cellulaire salutaire… Le rythme de la marche est de moyen à rapide, les pas et la respiration toniques, mais jamais forcés, même l’effort peut rester un plaisir. Nous profitons du plaisir de la marche prolongée synchronisée à la respiration, en variant les rythmes respiratoires. Le comptage des pas peut être remplacé par des mots positifs…Par exemple quand le terrain monte et que le rythme utilisé est 2/2, c’est à dire 2 inspir/2 expir nous pouvons utiliser le mantra : instant/ présent ou con/fiance. Ainsi lorsque le mental a tendance à nous emmener loin d’où nous sommes, manifester son désir de rester présent est une aide précieuse.

Connue pour ses vertus régénératrices, la marche afghane agit sur le métabolisme. Elle se révèle très bénéfique pour la santé : elle augmente la capacité respiratoire, suroxygène, ralentit le rythme cardiaque … Elle permet de vivre l’instant présent, apaise le mental et procure une sensation de bien-être intense. 

              

ACCOMPAGNEMENT THERAPEUTIQUE

Depuis deux ans, je propose un accompagnement psychologique par la marche thérapeutique.

C’est un accompagnement thérapeutique en extérieur, dans la nature avec  la possibilité de questionner une situation et de l’élaborer en marchantLa marche est un puissant facteur de mieux-être psychique en permettant d’élargir nos horizons face aux problèmes de la vie. Devant l’anxiété, l’épuisement émotionnel ou la dépression, elle remet l’esprit en mouvement et ouvre la porte à de nombreuses possibilités de changement. La marche atténue les sentiments négatifs, la rumination mentale : le rythme soutenu d’un pied devant l’autre, surtout dans des environnements naturels apaise nos émotions. Des immersions en forêt sont proposés avec des éléments de sylvothérapie et aussi une possibilité de points de vue surplombant la vallée qui donnent une impression d’espace de tous les possibles…

La thérapie en mouvement peut aussi être bénéfique pour les personnes qui ont de la difficulté avec les formes plus traditionnelles de thérapie, parce que le fait de bouger change la façon de penser. En effet, le mouvement physique permet de sentir qu’on avance physiquement, mais aussi mentalement. 

 

 « L’action, l’affection et la mentalisation (processus par lequel nos émotions sont transformées en pensées) sont nos tranquillisants naturels prescrits lors d’une marche.»    Boris Cyrulnik

Poème : le Prélude

Et s’il n’était pas nécessaire de changer, pas nécessaire de te
transformer en quelqu’un de compatissant, de plus présent, de plus
aidant ou de plus sage ?


En quoi cela affecterait-il les différents aspects de ta vie où tu essaies
sans cesse d’être meilleur ?


Et si la tâche était simplement de te laisser te révéler, de devenir qui
tu es déjà dans ta nature essentielle- bienveillant, compatissant et
capable de vivre pleinement et passionnément le présent ?…
Et si la question n’était pas pourquoi suis-je si rarement la personne
que je veux réellement être, mais pourquoi ai-je si rarement envie
d’être la personne que je suis réellement ?
Et si devenir qui nous sommes réellement ne se produisait pas à
travers l’effort et les tentatives, mais en reconnaissant et en recevant
les gens, les endroits qui nous offrent la chaleur et les
encouragements dont nous avons besoin pour nous révéler ?


Comment ceci façonnerait-il les choix que nous faisons sur la manière
de passer cette journée ?

Et si vous saviez que l’impulsion nécessaire pour vous mettre sur la
voie qui crée la beauté dans le monde émergera du plus profond de
vous et vous guidera à chaque fois que vous portez simplement
attention et que vous patienterez ?
Comment ceci façonnerait-il votre immobilité, votre mouvement,
votre volonté de suivre cette impulsion, pour simplement lâcher prise
et danser ?


Oriah Mountain Dreamer

Les dix secrets pour une meilleure respiration

 
Voici dix secrets pour une meilleure respiration que l’on retrouve chez les taoïstes illustrés brillamment par les écrits de Dennis Lewis dans ses ouvrages de référence.
 
Chacun d’eux peut prendre plusieurs jours, semaines ou mois à comprendre par la pratique.
Ne sous-estimez aucun d’entre eux.
Il suffit  de pratiquer !
 
1er Secret : 
Si possible dans votre vie quotidienne, inspirez et expirez UNIQUEMENT par le nez, même lorsque vous faites de l’exercice physique.
 
2ème Secret :
Sentez le mouvement de votre respiration fréquemment au milieu de vos activités quotidiennes.
N’oubliez pas de ne pas retenir votre souffle (apnée involontaire) à voir ce comportement dangereux cliquez
 
3ème Secret : 
Assurez-vous que votre ventre est parfaitement détendu. Laissez-le se dilater lorsque vous inspirez et rétractez-le lorsque vous expirez.
Touchez-le et massez fréquemment.
Votre ventre- nommé Hara par la tradition japonaise- est le fondement de votre vie et de votre souffle.
 
4ème Secret : 
Le souffle c’est la vie, LA VÔTRE et le mouvement. Laissez votre respiration s’engager et remplir chaque partie de votre corps,
en particulier votre ventre mais aussi soyez attentifs à votre dos, votre colonne vertébrale et votre poitrine.
 
5ème Secret : 
Pour transformer votre respiration, ne commencez jamais par l’inspiration (comme dans les exercices physiques intempestifs :
inspirez-expirez) mais commencez toujours par votre expiration, par un  » lâcher prise ».
 
6ème Secret : 
Une expiration longue et lente aide à harmoniser votre diaphragme et active une favorable réponse de relaxation.
 
7ème Secret:
 Sentez la pause naturelle après l’expiration : laissez-vous reposer là un instant.
(c’est un temps béni pour recharger le sang en CO2 positif )
 
8ème Secret :
Laissez votre inhalation surgir d’elle-même quand elle est prête.
 
9ème Secret : 
Sentez les différents espaces respiratoires de votre corps plusieurs fois par jour.
Souriez dans ces espaces (envoyez une énergie positive de bien-être) dans ces espaces
et observez comment votre conscience les aide à s’ouvrir et à se fermer sans effort.
 
10ème Secret : 
Rappelez-vous; vous êtes un être unique respirant, vivant en ce moment ici et maintenant.
Laissez-vous ressentir le mystère et le miracle de VOTRE SOUFFLE ET DE VOTRE VIE aussi souvent que vous le pouvez. 
 
LE SOUFFLE DE LA CRÉATION EST EN VOUS 
 
Roland Reymondier



Lettre ouverte pour un appel à la Paix (2/4/22)

  • Voici un beau documentaire sur la vie de Thich Nhat Hanh (30 mn) ICI
  • Cette lettre est écrite par la communauté du Village des Pruniers, crée par Thich Nhat Hanh

Chère famille humaine,

En observant la tragédie de la guerre qui se déroule chaque jour en Ukraine, nous ouvrons nos cœurs à la souffrance des personnes jeunes et âgées. En tant que communauté internationale de bouddhistes engagés, nous assistons à la guerre actuelle emplis de douleur et inquiétude.

Dans notre communauté bouddhiste, chaque Noël, nous écoutons le son des cloches des églises russes avec une grande joie, et nous ouvrons nos cœurs au riche patrimoine spirituel de la Russie et de l’Europe. Notre maître Thich Nhat Hanh disait : “Une cloche est toujours une cloche ; qu’elle soit catholique, protestante, orthodoxe ou bouddhiste, elle reste une cloche”. En écoutant la cloche, quelles que soient nos racines culturelles ou religieuses, nous pouvons faire une expérience profonde et toucher la paix et une dimension spirituelle partagée. Nous aspirons tous à la paix. Nous avons tous besoin de paix.

Nos propres racines se trouvent dans la guerre du Vietnam, au cours de laquelle plus de trois millions de personnes sont mortes et quelque deux millions ont fui en tant que réfugiés. Notre enseignant, le vénérable moine bouddhiste vietnamien Thích Nhất Hạnh, nous a appris que la guerre n’est jamais une solution. Elle ne mène qu’à la division et à la haine qui peuvent se perpétuer pendant des générations.

Notre enseignant a travaillé sans relâche pour la paix au Vietnam en ne choisissant jamais un camp. Au lieu de cela, il a appelé les adversaires à s’intéresser de près à la douleur, à l’anxiété et à la peur existentielle de l’autre, et à prendre en compte l’horrible bilan de la guerre pour toutes les victimes. Contraint à l’exil, il est devenu le chef spirituel d’un mouvement mondial pour la paix, la réconciliation et le désarmement.

Nous pensons que le message universel de paix de notre maître peut offrir un espoir en cette période charnière pour l’Ukraine, la Russie et l’humanité. L’histoire nous montre que la guerre peut se transformer en paix ; les survivants peuvent guérir malgré leurs blessures. Au nom de notre maître, Thich Nhat Hanh, et de son grand amour, de sa compassion et de sa sagesse, nous, ses élèves, appelons à un cessez-le-feu immédiat, pour mettre fin à l’effusion de sang en Ukraine. Nous envoyons notre amour et notre soutien aux négociateurs des deux côtés. Puissent-ils s’écouter profondément et créer les conditions de la paix.

Le Bouddha nous dit que notre véritable ennemi ne se trouve pas chez les autres mais dans notre propre peur, notre anxiété et notre chagrin, notre colère, notre avidité, notre ignorance et notre haine. La guerre est rendue possible par une pensée dualiste et discriminante, et par l’idée que c’est seulement en éliminant notre soi-disant ennemi que nous pouvons avoir la paix et la sécurité. Mais, comme l’a dit le Bouddha, la haine ne peut pas résoudre la haine. Seuls la compréhension et l’amour peuvent transformer la haine.

Comme l’a dit notre maître, quand il y aura la paix en nous-mêmes, il y aura la paix dans le monde . Si nous parvenons à mettre un terme pacifique à la guerre en Ukraine, le monde entier en bénéficiera, car en tant que famille humaine, nous sommes interconnectés et interdépendants. Nous prions également pour que les précieuses ressources mondiales puissent être réorientées de la guerre vers les domaines où elles sont le plus nécessaires, à savoir la lutte contre la maladie, la pauvreté, la faim et la malnutrition, le trafic d’êtres humains – y compris l’exploitation des enfants vulnérables, le stress environnemental et le changement climatique.

Notre monde a besoin d’une culture de la paix. Notre famille humaine doit passer à un autre niveau d’évolution, à une spiritualité « cosmique » et une éthique qui peuvent unir tous les peuples et toutes les nations, en éliminant la séparation et la discrimination. Dans cet esprit, en tant que communauté du bouddhisme engagé, nous avons renouvelé notre engagement à la veille du Nouvel An 2021 de pratiquer la pleine conscience pour la paix sur terre. Vous trouverez ci-dessous, pour votre considération, notre engagement.

​La mission de paix est l’œuvre de grands et nobles êtres. En tant que famille humaine, pour le bien du peuple ukrainien, du peuple russe et des soldats des deux camps, notre tâche la plus urgente est d’investir toutes nos ressources dans l’exploration de toutes les options viables pour la paix en cette période de grand danger pour l’humanité.

Tous nos ancêtres et nos descendants comptent sur nous.

Avec amour et confiance,

Bhikkhu Thích Chân Pháp Ấn
Moine aîné de la communauté du Village des Pruniers

Bhikkhuni Thích Nữ Chân Không
Nonne aînée de la communauté du Village des Pruniers


Ce corps n’est pas moi de Thich Nhat Hanh

Thich Nhat Hanh est décédé paisiblement à l’âge de 95 ans au Vietnam le 22 Janvier 2022. Considéré en Occident comme le père de la méditation de pleine conscience : « Thay a été l’enseignant le plus extraordinaire, dont la paix, la tendre compassion et la brillante sagesse ont touché la vie de millions de personnes ». Comme dirait Thay : “Parce que nous avons vu le chemin, nous n’avons plus rien à craindre.”

« Je suis arrivé, je suis chez moi” signifie : Je ne veux plus fuir. J’ai couru toute ma vie, et je ne suis arrivé nulle part. Maintenant, je veux m’arrêter. Ma destination est l’ici et maintenant, le seul moment et le seul endroit où la vraie vie est possible. » Thich Nhat Hanh

 

 

« Ce corps n’est pas moi.

Je ne suis pas limité par ce corps.

Je suis la vie sans limites.

Je ne suis jamais né et jamais ne mourrai.

 

Regarde le vaste océan et le ciel immense là-haut

Etincelant de milliers d’étoiles.

 

Tout n’est que la manifestation de mon esprit.

Depuis toujours, je suis libre.

Naissance et mort ne sont que jeu de cache-cache,

Portes d’entrée et de sortie.

 

Prends ma main et rions tous les deux.

Ceci n’est qu’un au revoir.

Nous nous reverrons encore.

 

Nous ne cessons de nous rencontrer

Aujourd’hui et demain

A notre source et à chaque instant

Sur des milliers de chemins de la vie. »

 

Extrait de “Cérémonie du coeur” (Ed. Sully 2010)

Je continuerai à croire…

« Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir.
Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine.
Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.
Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre.
Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité.
Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte.
Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent.
Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes.
Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur.
Et j’offrirai des motifs de joie là où il n’y a que tristesse.
J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter…
Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent épuisés. » 

Abbé Pierre

Des neuroscientifiques lyonnais auscultent la méditation – Le monde (15/10/21)

 

Par Richard Schittly, Lyon, correspondant

Une équipe de l’Inserm conduit une expérience ambitieuse d’analyse du fonctionnement cérébral de méditants expérimentés, afin de tenter de cerner ce processus mental.

Une équipe lyonnaise de scientifiques de l’Inserm mène une expérience consacrée aux effets de la méditation sur le cerveau, à partir d’un protocole aux proportions inédites. Nommée Longimed, simplification d’« évolution longitudinale de la perception et de la cognition lors d’une retraite de méditation », cette étude neuroscientifique vise à identifier les changements comportementaux et cérébraux intervenant lors de la pratique intensive de la méditation, plus précisément dans une phase maximale d’expérience méditative.

Les chercheurs ont accumulé des données à partir d’une cohorte de volontaires, recrutés pour leur pratique poussée de la méditation, placés en retraite complète d’une durée ininterrompue de dix jours. En tout, 54 personnes réparties en plusieurs groupes se sont prêtées à l’expérience. Trois retraites se sont déroulées entre octobre 2020 et mars 2021, dans un centre d’accueil du Poizat, près de Nantua (Ain). A l’issue d’un calendrier perturbé par les épisodes de confinement sanitaire, les dernières mesures ont été effectuées en juin, dans le laboratoire du centre de recherche en neurosciences basé dans le parc de l’hôpital Le Vinatier, à Bron (Rhône). L’équipe, constituée d’une dizaine de chercheurs et assistants, se donne désormais un an pour livrer les résultats complets de l’étude financée par le Conseil européen de la recherche.

Exercice intensif

« Un tel format expérimental manquait à la littérature scientifique. La durée des retraites que nous avons organisées nous permet d’aller plus loin dans la connaissance des ressorts de la méditation sur les schémas perceptifs, cognitifs et affectifs du cerveau »,expose Antoine Lutz, 48 ans, du Centre de recherche en neurosciences de Lyon. Auteur d’une thèse soutenue en 2002 à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et chercheur durant dix ans à l’université du Wisconsin, le directeur de recherche s’inscrit dans la filiation scientifique qui a démarré en 1983 par la rencontre fondatrice entre le neurobiologiste Francisco Varela et le dalaï-lama. Antoine Lutz a aussi participé aux premières études en imagerie cérébrale sur les méditations réalisées avec des méditants chevronnés, comme en 2015 avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard.

CERTAINES ONDES ET ZONES DU CERVEAU SONT DIRECTEMENT TOUCHÉES PAR L’EXERCICE DE LA MÉDITATION, COMME SI LA PLASTICITÉ DU CERVEAU BÉNÉFICIAIT DE L’EXERCICE MENTAL

« Ce champ d’étude n’a pas été pris au sérieux à ses débuts. On me disait que je quittais la science ! Depuis vingt ans, les neurosciences cognitives sont en pleine expansion et le sujet de la méditation nous apporte beaucoup d’enseignements sur la manière dont le cerveau fonctionne »,explique Antoine Lutz. Des études précédentes ont montré qu’il existe des principes neurocomputationnels spécifiques de fonctionnement du cerveau lors de pratiques méditatives intenses. Certaines ondes et zones du cerveau sont directement touchées par l’exercice intensif de la méditation, comme si la plasticité du cerveau bénéficiait de l’exercice mental qui consiste à accueillir pensées et sensations dans l’immobilité et le silence. Avec l’observation de hautes doses de méditation, l’équipe de l’Inserm cherche à identifier les marqueurs comportementaux et neurophysiologiques de l’effet des situations dites « de pleine conscience ». L’étude lyonnaise veut confirmer, modéliser et tester ces principes, afin de tenter d’établir une théorie neurocognitive complète de la méditation.

« On n’arrête pas l’esprit »

Selon le protocole de Longimed, les participants ont suivi huit sessions de méditation par jour, pilotées par un professionnel. Pas d’autres loisirs, peu de conversations, les téléphones proscrits, des repas en commun : tous les groupes ont connu des conditions similaires, avec le minimum de perturbations extérieures. Chaque participant était invité à remplir sur une tablette un questionnaire quotidien d’une vingtaine d’items, afin de décrire ses sensations.

« NOUS OBSERVONS NOUS-MÊMES COMMENT NOTRE CERVEAU FONCTIONNE, C’EST L’ESSENCE DE LA MÉDITATION », CORINNE FORQUEZ, PARTICIPANTE

Trois types de mesure physique ont été menées sur place : auditives, avec différents sons dans des écouteurs ; tactiles, avec un appareil fixé sur le doigt, permettant de répliquer une force donnée ; et sensitives, à partir de légères stimulations électriques. L’ensemble de ces mesures a été effectué à trois reprises : avant, pendant et après le stage de méditation. Un groupe témoin a fait l’objet de relevés similaires, sans méditation, afin d’évaluer les différences. Des mesures complémentaires ont été réalisées par électroencéphalogramme et imagerie par résonance magnétique (IRM). D’une durée d’une heure et demie, les examens d’IRM ont été effectués à trois reprises, avant la retraite, à la fin de celle-ci, puis trois semaines après.

« L’IRM est le seul appareil que nous n’avons pas pu transporter dans le centre de retraite du Jura ! Sinon, le laboratoire a été déployé sur place. Le fait d’étudier et de prendre des mesures pendant les stages dans des conditions stables sur d’aussi longues durées, c’est ce qui a donné son caractère exceptionnel à cette étude », déclare Arnaud Poublan-Couzardot, 26 ans, membre de l’équipe lyonnaise, doctorant en troisième année à l’université Claude-Bernard Lyon-I. « Cette expérience a été très intense, même pour un public qui pratique souvent la méditation. Au fil du temps, nous observons nous-mêmes comment notre cerveau fonctionne, c’est l’essence de la méditation. On n’arrête pas l’esprit ! », confie Corinne Forquez, 52 ans, participante de l’expérience Longimed.

Mieux gérer la souffrance

« La méditation permet de prendre conscience de sa vie mentale. Cette observation détachée opère une sorte de décentrage cognitif. Vous accueillez la colère, la peur, l’ennui, la douleur, sans être gêné, sans être happé et sans vouloir changer les pensées et les émotions. Ce faisant, vous gagnez un peu d’espace, qui permet de voir sans être dans le réactif. C’est ce que nous venons d’établir expérimentalement »,résume Antoine Lutz. En étudiant l’observation volontaire et la régulation des schémas perceptifs et affectifs du cerveau, l’expérience Longimed cherche notamment à mieux cerner le phénomène d’amplification cognitive de la douleur.

« Cette présence non réactive permet de mieux gérer la souffrance, car elle réduit la composante affective de la douleur tout en laissant inchangée sa composante sensorielle », explique le chercheur. Les premiers résultats semblent très prometteurs. « La méditation ne modifie pas l’intensité de la douleur, mais plutôt sa composante affective. Nous identifions les effets de la méditation dans ce processus »,indique Arnaud Poublan-Couzardot. Ce qui ouvre des perspectives cliniques. A Lyon, comme dans d’autres villes, un diplôme universitaire (DU) propose d’intégrer la méditation dans les parcours de santé. « Ce type de DU s’inscrit dans une médecine plus humaniste qui inclut davantage le patient dans sa propre prise en charge et qui focalise sur les capacités naturelles de prendre soin de soi », soutient Antoine Lutz.