Méditer améliore certaines fonctions cérébrales

Le Point, Juillet/Août 2014, Aux origines de la méditation, les textes fondamentaux commentés, Antoine LUTZ, chercheur à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale)

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Des neuroscientifiques s’intéressent à la méditation parce qu’ils y voient un modèle expérimental prometteur pour explorer la neuroplasticité du cerveau. Les électroencéphalogrammes et les scanners permettent de scruter la dynamique spécifique des zones du cerveau pendant la méditation. La recherche au départ a porté sur des « experts de la méditation » comme Matthieu Ricard.

Les premières études sur l’attention pendant la méditation à la Pitié Salpetrière ont permis de constater l’amélioration de certaines fonctions cérébrales. Ainsi, des études menées par Richard Davidson et son équipe dans le Wisconsin montrent qu’un entraînement soutenu à la méditation de pleine conscience accroît les capacités à maintenir son attention sur un objet sans se laisser distraire.

Lorsqu’elle est pratiquée longtemps, la méditation semble également occasionner des changements dans la structure anatomique du cerveau. Les chercheurs commencent à tester des hypothèses qui ne portent plus exclusivement sur le cerveau : par exemple la capacité à réguler le stress par la méditation pourrait avoir un impact bénéfique sur des processus moléculaires importants pour la santé. Un groupe de l’Université de Davis en Californie a montré que trois mois intensifs de méditation affectaient l’activité des télomérases, enzymes essentielles dans la protection contre le vieillissement cellulaire.

Des programmes cliniques, comme la médiation de pleine conscience de Kabat Zinn ont déclenché un regain d’intérêt des publications scientifiques. De plus depuis 1987, les travaux menés au sein de l’institut Mind and Life, association qui s’attache à explorer la relation de la science et du bouddhisme, ont joué un rôle moteur, en organisant le dialogue entre des scientifiques et le Dalaï Lama. Sa conférence annuelle est devenue le « Davos » de la méditation.

La méfiance de la communauté scientifique s’est dissipée quand des chercheurs établis se sont investis dans cette recherche. Ainsi à l’origine les recherches portaient sur la lutte contre le stress, les douleurs chroniques, les troubles de l’humeur la rechute dépressive… puis elles se sont élargies à la psychologie et aux sciences cognitives et à la biologie moléculaire… aujourd’hui les études portent sur les applications sociétales de la méditation dans l’éducation et le monde carcéral.

Aux Etats Unis, plusieurs milliers de dollars sont investis chaque année dans la recherche sur la méditation, dans l’armée, les prisons, les écoles, les entreprises.En France, plusieurs groupes de recherches se sont constitués à Paris, Grenoble et à Lyon.