L’efficacité de la gratitude (05/16)


D’innombrables études scientifiques prouvent l’efficacité de la gratitude

Tout a commencé en Californie, à la fin des années 1990, quand le Professeur Emmons annonça qu’il se lançait dans l’étude de la gratitude et de son impact sur la santé. Il ne pouvait pas se douter de l’incroyable vague planétaire qu’il allait déclencher en à peine 15 ans. Aujourd’hui, il ne se passe plus un mois sans que des équipes de chercheurs des quatre coins du monde ne publient une étude sur la gratitude, avec des résultats des plus étonnants.

Etudes réalisées en 2015 :
• Des psychologues londoniens ont montré que les personnes à qui ils avaient demandé d’éprouver chaque jour un peu de reconnaissance avaient, au bout de deux semaines, un meilleur sommeil et une tension artérielle abaissée par rapport à un groupe comparable [1] ;
• Des médecins de l’hôpital de Boston ont constaté (à leur grande surprise !) que des patients suicidaires à qui ils avaient donné des exercices psychologiques conduisant à ressentir de la gratitude voyaient leur désespoir disparaître dans 90 % des cas [2] !
• Une équipe irlandaise [3] a montré qu’en seulement trois semaines, un groupe qui devait noter chaque jour 5 choses dont ils se sentaient reconnaissants voyaient leur niveau de stress et de dépression chuter jusqu’à 27 % (aucun effet n’a été noté dans un groupe comparable qui devait simplement noter 5 choses qui leur étaient arrivées dans la journée) ;
• Les mêmes résultats ont été trouvés par des chercheurs de Hong-Kong auprès de professionnels d’hôpitaux, par nature particulièrement exposés au stress et à la déprime [4].

Ces conclusions sont fiables car elles proviennent d’essais cliniques solides, tous réalisés contre « placebo ». La gratitude est en train de devenir l’un des médicaments les plus efficaces qui puisse exister ! C’est une avancée d’autant plus extraordinaire que, au départ, c’est son impact sur le bonheur qui avait le plus intrigué les chercheurs.

Tout a commencé avec le bonheur :

Mais on n’était pas sûr qu’il soit vraiment possible de vivre mieux simplement en se « forçant » à éprouver régulièrement de la gratitude. Pour en avoir le cœur net, le Professeur Emmons a sélectionné, au début des années 2000, plusieurs centaines de personnes et les a réparties en trois groupes avec les consignes suivantes :
• Le premier groupe devait noter chaque semaine au moins cinq évènements positifs qu’ils avaient vécus et dont ils pouvaient être reconnaissants. Les réponses allaient du simple fait de se « réveiller le matin », à celui « d’avoir des parents merveilleux »
• Le second groupe devait faire la liste des « irritants » de la vie quotidienne, des évènements qui tendent à les tracasser (« difficile de trouver une place de parking », « compte bancaire à découvert », etc.)
• Le troisième groupe devait simplement noter les évènements notables de la semaine, ceux qui avaient eu un impact sur leur existence.
Au bout de 3 mois, les membres du premier groupe (« gratitude ») présentaient l’état général le plus enthousiaste, positif et optimiste sur l’avenir. Plus étonnant : ils avaient moins de souci de santé et s’étaient mis à faire davantage d’activité physique (une heure et demi de plus par semaine !).

Pour confirmer ces résultats inédits, le Professeur Emmons fit le même test avec des personnes affectées de maladies neuro-musculaires graves et dégénérescentes. Il pensait que, dans leur cas, il leur serait bien difficile de ressentir de la gratitude vu leur souffrance quotidienne et l’absence d’espoir d’amélioration. Et pourtant, les résultats ont été éclatants : les membres du groupe « gratitude » avaient un sentiment global de bien-être plus élevé que les autres et la qualité de leur sommeil s’était améliorée. Même leurs conjoints ou proches ont témoigné avoir constaté un changement positif, voyant qu’ils avaient davantage goût à la vie.

Amélioration des relations conjugales, de la productivité au bureau :

Des études ont montré que la gratitude améliore aussi nos relations avec les autres – et tout particulièrement les relations de couple [5]. Exprimer sa reconnaissance à son conjoint, y compris pour les petites choses du quotidien, est un moyen simple d’enrichir le lien qui lie deux êtres qui s’aiment.
Un manager qui dit « merci » peut voir la motivation de ses troupes monter en flèche. C’est le résultat étonnant d’une étude de l’Université de Pennsylvannie. Dans la semaine qui a suivi un discours « motivant » du chef, soulignant sa reconnaissance pour les efforts de ses collaborateurs, leur productivité a augmenté de 50 % par rapport à ceux qui n’avaient pas eu le discours [6].

La gratitude soigne aussi les maladies cardiaques :

Dans une étude récente, les chercheurs ont demandé à une partie un groupe de patients souffrant de maladie cardiaque de tenir un journal des évènements dont ils pouvaient être reconnaissants. Au bout de seulement deux mois, leur niveau d’inflammation avait reculé et leur rythme cardiaque s’était amélioré. Au total, leur risque cardiaque était devenu inférieur à ceux qui n’avaient pas tenu de journal [7].

Nous pourrions encore continuer la liste des bienfaits de la gratitude, dont beaucoup restent d’ailleurs à découvrir. Ainsi, elle stimule le système immunitaire, aide à tenir ses bonnes résolutions (faire du sport, quitter ses addictions, manger moins sucré) et pourrait même freiner la dégénérescence du cerveau liée à l’âge [8].
Essayons de comprendre d’où vient cette étonnante efficacité.

La gratitude soigne parce qu’elle nous grandit :

La gratitude est précieuse car elle nous conduit à reconnaître (au sens de constater, d’admettre) qu’il y a du bien dans son existence. La vie n’est jamais parfaite et est parfois cruelle. Mais elle comporte toujours des joies, des moments dignes d’être vécus. La gratitude nous invite à célébrer ces moments, à reconnaître ce qui va bien dans notre vie plutôt que de ruminer ce qui va mal, à se concentrer sur le positif plutôt que le négatif.
Ce n’est pas de la simple « pensée positive ». Il ne s’agit pas de se voiler la face et d’ignorer les difficultés ou les défis de la vie quotidienne. Il s’agit de réaliser que même les épreuves peuvent nous apporter quelque chose, et que c’est sur cela qu’il faut se concentrer. Plutôt que de jalouser celui qui a plus, la gratitude nous fait apprécier ce que nous avons. Elle nous invite à nous réjouir en pensant à ceux qui souffrent davantage, bloquant ainsi notre tendance naturelle à lorgner sur ce que le voisin a en plus.

Plus profondément, la reconnaissance nous détourne de nous-même pour nous ouvrir à autrui. Nous reconnaissons que nous devons à autrui au moins une partie des bienfaits qui nous arrivent. Etre reconnaissant, c’est ne plus considérer comme acquis les bienfaits que les autres nous apportent. Plutôt que d’être froid et sec, notre lien à autrui n’en devient que plus chaleureux. Et plus nous lui exprimons notre gratitude, plus notre entourage se réjouit de nous faire du bien. Et plus il le fait, plus nous avons de raisons de lui être reconnaissant… C’est un cercle vertueux sans fin !

Pourquoi il est si difficile d’être reconnaissant ? :

Certains sont naturellement doués pour la gratitude.
Le plus grand ennemi de la gratitude, c’est notre fâcheuse tendance à nous habituer. Pierre Rabhi a cette phrase magnifique sur la petite communauté algérienne dans laquelle il a vécu son enfance :

« Ici, l’existence s’éprouve d’une manière tangible. La moindre gorgée d’eau, la moindre bouchée de nourriture donne à la vie sur fond de patience toujours renouvelée, une réelle saveur. On est prompt à la satisfaction et à la gratitude dès lors que l’essentiel est assuré, comme si un jour vécu était déjà un privilège, un sursis. »

Et c’est un vrai travail que de se placer dans une posture d’humilité puis remercier la vie pour tout ce qu’elle nous apporte. De se mettre dans une attitude de réceptivité aux beautés et aux joie simples de l’existence. Pour la plupart d’entre nous, il est impossible d’y parvenir du jour au lendemain. Mais il existe des astuces simples pour cultiver ce précieux sentiment.

Il nous suffit de prendre quelques minutes chaque jour pour noter 3 à 5 bienfaits dont nous nous sentons reconnaissants (on parle aussi du « cahier des 3 bonheurs du jour » à mettre le soir sur sa table de nuit). Décrivons précisément le bienfait en question et la sensation que nous avons ressentie. Si nous traversons des difficultés, demandons-vous en quoi ces épreuves pourraient ultimement nous rendre service (par exemple, devoir affronter une personnalité difficile au bureau peut nous aider à améliorer notre patience et notre compréhension des autres).!

Marie Pierre CAMPANT (Synthèse d’un article de Xavier Bazin : Fondateur du projet Santé Corps Esprit) – MAI 2016

Sources :
[1] The impact of a brief gratitude intervention on subjective well-being, biology and sleep, Marta Jackowska, Department of Psychology, Whitelands College, University of Roehampton, UK
[2] Feasibility and utility of positive psychology exercises for suicidal inpatients, Huffman JC, Department of Psychiatry, Massachusetts General Hospital, Boston, MA, USA et al.
[3] The effects of two novel gratitude and mindfulness interventions on well-being, O’Leary K. and Dockray S., school of Applied ([4] Improving mental health in health care practitioners : randomized controlled trial of a gratitude intervention, Cheng ST, Tsui PK and Lam JH, Department of Psychological Studies

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